L’esclavage moderne

Publié le par Campus-j

L’esclavage moderne

On étiquette la prostitution comme la pire des pratiques où le corps humain perd sa dignité en contrepartie de l’argent. On refuse même de la retenir dans la catégorie de profession. Et c’est bien logique. Une distance infinie sépare ces deux activités : intégrantes dans un contrat, l’une le corps lui-même et l’autre un travail effectué. C’est comme si ce travail n’avait pas été accompli par ce pauvre corps. Mais ouvrons nos yeux, quand même, en jugeant une affaire et en la décrivant comme non respectueuse quand d’autres emplois « respectueux » ne le sont pas en réalité. Une secrétaire, d’apparence décente, vend son corps à son chef (ou le lui prête) chaque fois qu’elle accomplit un travail qu’elle ne désire pas faire. Nous parlons ici des tâches ordinaires et normalement exigées par une secrétaire. Même si les limites éthiques, professionnelles et juridiques ne sont pas dépassées, son corps est manipulé par quelqu’un d’autre, contrôlé dans l’espace et dans le temps, forcé à se fatiguer et finalement, sans exagérer, violé d’une façon ou d’une autre, non pas par le manipulateur mais par la société entière qui oublie l’employée. C’est spécifiquement ce fait, qui expose clairement l’esclavage moderne.

Cela ne veut pas dire que tout métier d’obéissance est irrespectueux et qu’il faudrait encourager l’autosatisfaction et la fuite du travail sous des dictateurs absolus.

Ce n’est pas la profession qui impose un respect à son pratiquant, mais c’est le pratiquant lui-même d’une part et son employeur d’autre part qui devraient promouvoir une certaine dignité au travail.

Cela ne veut pas dire non plus qu’est synonyme de prostitution tout métier d’obéissance. Ce dernier constitue un compromis acceptable socialement, entre l’indépendance de soi et le besoin à l’autre.

Par cela je voulais arriver à dire que tout métier d’obéissance est soumission et que la liberté qu’on prétend acquérir depuis des années, est très loin de la vraie liberté et que finalement, l’esclavage que nous considérons comme barbare et que nous associons à l’histoire coloniale, est non seulement présent de nos jours, mais encore répandu, caché et vulgarisé.

Anthony Nemer, FM.

Publié dans Tribune

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